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RAID EN TUNISIE    du 22 octobre au 5 novembre 2011

Après nos trois mois de pistes africaines, nous avons envie de tenter les dunes.

Quelques explorations sur les sites des tours opérators qui proposent des raid en 4X4. Mais comment choisir ? Plusieurs critères de choix : les reliefs qui nous semblent très attractifs, la durée 15 jours maximum, le prix mais aussi et surtout la complexité du raid en rapport avec notre véhicule.

Bref, nous avons choisi de faire le «sud tunisien». Un courrier du tour operator nous signifie que la situation politique en Lybie le force à modifier l’itinéraire prévu et nous resterons donc dans le grand erg tunisien. Le rendez-vous est donc fixé sur le port de Marseille. Lieu de rencontre et de connaissance avec les 22 autres équipages.

Quelques belges, un suisse, un hollandais et en majorité des français. La plupart se connaissent mais l’accueil est très vite courtois. Après quelques échanges, nous nous rendons vite compte que nous nous trouvons dans un groupe de raideurs chevronnés, passionnés par «l’extrême», nous les appelons d’ailleurs «les cow-boys».  

Nous embarquons donc à Marseille à bord du « Méditérranée », pour une traversée de vingt deux heures environs. Malgré mon habitude des voyages en bateau, très vite je me sens mal et j’aurai le mal de mer pendant toute la traversée.



 


quelques images en video :     

 

Pascal en profitera pour lier connaissance. Les sympathies se marquent très vite avec Dominique, Michel, Valentin et Ronald. Nous ferons une bonne partie du raid ensemble.
Le lendemain matin, Tunis apparaît à l’horizon et après avoir reçu les dernières consignes, nous redescendons dans le ventre de ce gros navire pour rejoindre nos véhicules. Non sans mal, tant les coursives sont bondées et encombrées, on y arrive tout de même et dès que le nez du bateau se lève, les voitures sortent comme pour échapper au risque d’être retenues à l’intérieur.
Dès qu’on pose les roues sur le sol tunisien, « l’esprit Raid » nous envahi.
Après les formalités, on se retrouve tous à l’extérieur du port de la Goulette.
On accroche l’antenne, on branche la radio CB, puis on place sur la roue de secours le sac hermétique qui collectera les poubelles. On échange avec les autres participants, plus  habitués que nous.
Il fait beau, pas encore très chaud mais tout de même meilleur qu’en Europe en ce mois d’octobre.
Tout le monde est là. Sans tarder, on prend la route vers le sud, direction Gabes où nous passerons la nuit avant de nous engager sur les pistes. À partir de maintenant, le roadbook sera notre bible. Nous voici arrivés à Douz, une des plus grandes oasis de Tunisie où un superbe dromadaire doré nous accueille. Juste le temps de faire les derniers ravitaillements en carburant, fruits et légumes et on repart, direction Ksar Guilhane. Pas vraiment le temps de faire des photos, profiter des gens et des coutumes. Mais ce n’est pas le but du voyage !
Très vite, on se retrouvera dans le bain des dunes de sable qui vont se succéder ainsi pendant dix jours. Première chose à faire, dégonfler les pneus à un kilo, un kilo et demi. Pascal s’y attèle consciencieusement, c’est essentiel pour affronter les dunes. Le sable est peu portant, et en dégonflant, on augmente la portance du pneu. Le risque est évidemment le déjantage. Nous en connaîtrons deux dans l’entièreté du raid. Nous sommes dans la moyenne !

Mais la fin de journée approche et nous allons vivre notre premier bivouac de ce raid dans le gassis de Toual el Bibane… avec un minimum de confort évidemment.
Tout est relatif ! Mon minimum semblera un maximum à certain-es ! Je reconnais que je suis une épouse gâtée.
Nous arrivons donc au premier lieu choisi par l’organisation, un grand gassis où nous commençons à déballer notre barda, dérouler la maggiolina (la chambre sur le toit), puis monter la cabine « douche, wc ».
Ce désir de confort tournera vite au cauchemar ce premier soir.
Un orage, comme il y en a dans le désert, s’abat sur nous.
En trois minutes chrono, nous sommes trempés, transpercés!
Pas le temps de monter la cabine, elle s’envole, des torrents d’eau s’écoulent entre les véhicules. On s’acharne quelque temps mais très vite on arrête les frais, à bout de forces. On jette la toile et les montants sous le 4X4 et nous courrons nous réfugier sous la tente de Michel et Dominique qui avaient été plus rapides que nous. Là un accueil chaleureux nous est réservé avec un petit whisky coca pour faire passer cette première pilule. Je suis déjà à bout de nerfs, je veux rentrer ! Je suis prête à appeler un hélicoptère…(c’est mon côté capricieuse !) Grrr... Les bras de Pascal et les mots réconfortants d’Anne, Jean-Pol, Valentin, Dominique et Michel feront leur effet sur mon humeur maussade.

Une demi-heure plus tard, la pluie a cessé, le sable absorbe rapidement l’eau et il fait presque sec. C’est comme ça paraît-il, dans le désert !
On peut reprendre notre montage.
Mais nos vêtements, nos chaussures, nos chaussettes sont tellement mouillés que nous abandonnons. Nous nous déshabillons, nous montons dans notre nid d’amour et c’est terminé pour aujourd’hui.
« Tomorrow is another day » !
Le guide du routard notait que : « Pour visiter les oasis du Sud, l'arrière-saison (octobre-novembre) et le début du printemps constituent la période idéale. Les nuits peuvent être froides, mais dans la journée, le Sahara apparaît dans toute sa splendeur sous un ciel lumineux. Attention, car vous ne serez pas à l'abri d'une tempête de sable ! »
Juste, dans l’ensemble, mais il ne parlait pas d’orage ! La tempête de sable, nous l’aurons plus tard.

Cette première « épreuve » nous montrera que fort heureusement, l'entraide et la solidarité sont ancrées dans l’esprit des participants aux raids et cela s’avérera fondamental tout au long du périple.

  VOIR TOUTES LES PHOTOS DU RAID

Après une première nuit à la belle étoile, le mot n’est pas vain car la voûte céleste est merveilleuse, il nous faut reprendre la route dès potron-minet.
Avant d’atteindre Ksar Ghilhane, nous grimpons jusqu’aux ruines d’un ancien fort romain, histoire de contempler le panorama, puis nous arrivons dans cet oasis où nous faisons une rapide halte.
Ksar Ghilhane est aux portes du grand erg oriental tunisien. Ce sera le tout dernier endroit où se ravitailler en carburant. Certains en profitent pour prendre un bain dans le bassin d’eau chaude, source thermale bien connue des amateurs, attraction de l’endroit.

Nous voilà repartis en caravane pour affronter nos premiers cordons.
Pascal se familiarise avec le terrain, tâte les limites du véhicule, compare les réflexes qui sont évidemment très différents de ses anciens réflexes de pilote de rallye.
De mon côté, j’apprends à lire et utiliser le roadbook, je jongle entre les deux GPS, celui sur lequel a été enregistré le périple et les waypoints et celui qui nous indique notre position, l’heure, l’altitude, etc… de manière à avoir un maximum d’informations en un coup d’œil.

Quatre jours de  raid extrême, côté 4 sur une échelle de 5 paraît-il, s’offrent à nous.
Succession de dunes et gassis, de cordons de sables plus ou moins longs, reliefs plus ou moins arides, pentes plus ou moins abruptes, tout cela dans des paysages extraordinaires, de couleur de sable variant du jaune poussin au jaune doré, … Sensations fortes assurées mais plaisir des yeux également !
Sensations… émotions fortes, très fortes parfois… le rescue des fleurs du bach nous sera utile plus d’une fois.

Il ne faut pas oublier que nous sommes des amateurs, c’est notre première expérience de ce type. Nous constatons que d’autres qui en ont davantage et sont pourvus de véhicules extrêmement préparés et équipés ressentiront aussi certaines difficultés. Cela fait partie du jeu.
Néanmoins, nous avons nettement l’impression d’être trop lourds, surtout quand nous nous posons en haut d’une crête ou lorsqu’il faut escalader un cordon de dunes avec élan comme le font d’autres 4X4. Nous regrettons de ne pas avoir fait surélever le véhicule. Cela ne faisait pas partie des conseils par contre les instructions de l’organisateur exigeaient une autonomie en eau et en carburant qui ont un poids difficilement évitable. Idem pour l’outillage et les pièces de rechange en cas de panne, sans lesquels nous ne nous aventurons pas. Nous avons bien essayé de ne pas prendre trop de vêtements et de nourriture. Et nous sommes pourtant encore trop lourds ! Tant pis, on fait avec ! Et je trouve que Pascal se débrouille tout de même très bien.

6° jour : après une belle descente, raide, à près de 34°, pendant laquelle la ceinture de sécurité se bloque tant la pente est forte, nous apercevons au loin une petite oasis vers où tout le groupe se dirige. Nos prédécesseurs sortent en courant de leur véhicule et se jettent dans le petit lac avec un bonheur manifeste. Nous  sommes arrivés au Lac Erreched et aucun de nous ne cache sa joie. Certains parce qu’ils savent qu’après cette halte rafraichissante et un couscous, une nouvelle étape « forte » dans le grand erg s’offre à eux. Les autres, dont nous sommes, parce que nous allons prendre deux jours de repos pour nous détendre. Nous ne souhaitons pas monter là-haut et il est prévu qu’une prochaine étape repasse par cet endroit.  Nous préférons être prudents et Pascal veut faire un checking de son véhicule.
Pendant ce petit break, nous profitons de la marre ; à cette époque le lac contient peu d’eau, suffisamment cependant pour faire trempette dans cette source d’eau chaude. Nous passons aussi de bons moments au « Café » où Mohamed, le tenancier nous prépare de délicieux couscous et nous montre comment préparer le pain du désert cuit dans le sable. Pour quelques dinars, nous en mangeons à tous les repas.
Mohamed nous explique qu’en regardant les étoiles il peut nous dire que le lendemain, il y aurait une forte tempête de sable.
La sagesse populaire…en effet, dès le milieu de la nuit, le vent se lève et emporte tout sur son passage, le sable s’infiltre vraiment partout, nous sommes enturbannés dans nos foulard dans la maggiolina et patientons. Le spectacle est impressionnant, les couleurs magnifiques et nous avons une pensée pour le reste de l’équipage qui est là-haut, sûrement moins à l’abri que nous.
Le lendemain, en fin de matinée, les premiers arrivants pointent le bout de leur capot en haut du gassis, les autres suivront au compte-goutte. Ils nous relatent les difficultés de l’étape et nous ne regrettons vraiment pas d’être restés calmement dans cette jolie oasis. Idem pour les trois autres couples qui ont fait comme nous. Dans le grand erg, des camarades y ont laissé des plumes…enfin des pièces.
Moi qui suis tellement gâtée par mon homme chéri et qui bénéficie de tout le confort possible à cet endroit, je ne peux qu’en faire profiter les copines Anne et Dominique qui ont vécu des moments difficiles là-haut. Ma petite douche solaire sur caillebotis a fait son petit effet...

Le temps de ramener les véhicules endommagés nous oblige à rester là une nuit de plus à Erreched. Comme d ‘habitude quand nous sommes tous ensemble, nous passons une soirée très sympathique autour d’un apéritif convivial. L’ambiance est vraiment très chouette lors des bivouacs, on ri beaucoup, on chante, on partage l’apéro, on partage même une boîte de cassoulet ou de choucroute ! En plein désert, ça a un tout autre goût !!! Et ce soir-là, on essaye de faire oublier quelques instants à Dominique que son Michel est là-haut coincé par des problèmes mécaniques. Heureusement et évidemment, il n’est pas seul, ils sont quelques-uns, dont l’organisateur, à l’encadrer.

Ça y est, 7 heures du matin, débriefing puis la caravane repart et cette fois c’est l’itinéraire de retour vers Douz puis Tunis.
Nous ré-affrontons les mêmes épreuves, dunes, cordons, pentes, etc… Le sable est très chaud et les ensablements deviennent fréquents. Beaucoup de solidarité pour se sortir les uns les autres de l’embarras puis à notre tour de bénéficier de celle des autres également. La corde de traction est d’ailleurs attachée pratiquement en permanence.

Nous allons vivre ce jour-là un des moments marquants de cette aventure.
Il est 15 heures et Christian signale à la CB que nous allons bivouaquer dans le prochain gassis. Ouf, pensons-nous, cela a encore été éprouvant aujourd’hui.
Nous suivons quelques autres véhicules dont l’un s’ensable très profondément. Pascal le dépasse en passant par une autre dune pour essayer de le tirer d’embarras. D’autres concurrents plus chevronnés nous rejoignent. Au bout de deux heures de tractations assez violentes pour notre Patrol vu le poids du HDJ100 en rade, il est hors d’embarras…et s’en va sans demander son reste. La nuit tombe, nous avons nous aussi envie de rejoindre le groupe, mais nous voilà seuls. Nous nous remettons tout de même en route. Or, dans le désert, la nuit est très sombre et si on ne connaît pas le relief, il est difficile d’imaginer ce qui est hors de portée des phares et donc extrêmement facile de se planter. Nous tentons de passer quelques dunes. Et ce qui devait arriver arriva, nous voilà bloqués dans un creux, la roue avant droite a déjanté et silence radio de la part de l’équipage que nous avions aidé précédemment. Un déjantage est très impressionnant ;  une détonation comme si le train avant du véhicule explosait, ce qui a pour effet de le bloquer net. L’impact est si fort et si violent que tout notre chargement pourtant bien fixé et solidement sanglé a avancé de plus de cinq centimètres.
Je sens chez Pascal un agacement, son véhicule commence à souffrir.

Il ne nous reste qu’une chose à faire, essayer de dormir là et espérer que le lendemain matin, « on » viendra nous aider.
Nous nous trouvons dans une situation très inconfortable, le 4X4 et penché vers l’avant et un peu sur le côté droit. Cela bloque les ceintures de sécurité et empêche l’ouverture de la maggiolina. J’arrive à somnoler un peu mais Pascal ne peut fermer pas l’œil de la nuit. Dès l’aube, le soleil pointe à l’horizon à 5 heures et demie, nous commençons à creuser pour essayer de dégager le sable qui s’est encore amoncelé pendant la nuit. David et François, que nous ne remercierons jamais assez, ont remonté à pied la pente du gassis pour venir nous secourir. Et nous voilà, creusant derrière les roues, gonflant le crick, vidant le sable dans le pneu déjanté et au bout de deux heures de sueur et d’énergie, nous sommes sortis d’embarras. Nous rejoignons le groupe et cette fois c’est « straight on » comme disent les anglosaxons, enfin …autant que possible dans ce relief.
Pour ne pas rester à nouveau bloqué dans les sillons creusés par les précédents, Pascal décide de suivre François et Marie-Françoise qui s’en tiennent aux indications et  aux directions reprises dans le roadbook. Le courant passe bien entre nous et surtout, François est un excellent pédagogue. Il nous explique pourquoi il passe par tel ou tel endroit. Nous nous sentons vraiment en confiance et Pascal apprécie vraiment cette dernière étape. Arrivés à Douz, sur la piste, on regonfle les pneus et chacun reprend son rythme pour rejoindre l’hôtel à Hammamed. Nous y arriverons vers 21 heures, d’autres nous rejoindront beaucoup plus tard.
Le lendemain, après douze jours, nous abordons la dernière ligne droite vers Tunis et le port de La Goulette. C’est le moment de partager nos sensations, nos émotions, nos souvenirs drôles, cocasses, et parfois sombres. Mais après coup, on en rit.

Voilà, c’était notre première expérience de « raideurs ».
Nous la gardons comme enrichissante même si nous ne la reproduirons pas.
Nous avons fait de sympathiques rencontres, vu des paysages extraordinaires et bien plus que mesurer nos limites, nous les avons dépassées.

Et ça c’est vraiment positif.

PS. Un petit salut amical et un grand merci à Valentin, Ronald, Jean-Pol et Anne, Michel et Dominique, Fred, Frédéric et Stéphanie, Christophe et Carole, José et Laure, Denis et Véronique, Lionel et Lucie, François et Marie-Françoise, Jean-Louis et Christiane, le doc et Monique, et Mickey le mécano, pour votre disponibilité.

 


 
     
 
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